lundi 30 octobre 2017

Flore: l'Aceana magellanica




L’Aceana est une rosacée de la pointe méridionale de l’Amérique du Sud et des îles australes. Elle forme des prairies touffues sur des terrains humides à moyennement secs d’une dizaine à quarantaine de centimètres de hauteur. 

Elle commence sa repousse au printemps austral, en septembre. Au début de l’été, les inflorescences rouges en boule apparaissent. A la fin de l’été, ses graines marron qui ont des petits crochets adhèrent aux poils, plumes et vêtements. C'est ce que l'on appelle la "zoochorie", le transport de graines par les animaux. Sur Kerguelen, ce sont principalement les mammifères (rennes, lapins, chats et rongeurs) ainsi que les oiseaux qui sont les vecteurs de dissémination.
Sur l'Archipel, des mesures de biosécurité sont en place pour éviter la dissémination de graines non présentes d'une zone géographique à une autre. Cette espèce étant présente sur l'ensemble du territoire, elle pourrait y échapper. Mais ce n'est pas le cas: comme ses crochets peuvent servir de support à d’autres graines, ils sont retirés avec patience par les manipeurs au retour de chaque sortie.
Avec les premiers froids, vers le mois d’avril, les feuilles se flétrissent.

Cette espèce est mentionnée dès les premiers rapports naturalistes de 1840 (passage de l’expédition de James Clark Ross à bord de l’Erebus et du Terror en 1840). Son ancien nom est Acaena sanguisorbae à cause de la couleur rouge sang de ses inflorescences. 
L’Acaena s’est mise à prendre une place considérable à partir de 1874 suite à l'introduction volontaire du lapin par le navire britannique Volage. Ceci, non seulement parce qu'elle résiste mieux à ce rongeur mais également parce qu’il a contribué à sa dissémination, créant à de nombreux endroits des habitats mono spécifiques. Aubert de La Rüe (1964) indique que l’Acaena n’est pas citée comme une espèce très fréquente par les premiers visiteurs des Iles Kerguelen (expéditions de Y. de Kerguelen, de Cook, de JC Ross, de FF Smith). Il en déduit que « l’Acaena, tout en étant présent en divers endroits, ne devait pas jouer un rôle très important dans le paysage végétal. Il est permis de penser que ce furent les Lapins... qui, en se multipliant rapidement, disséminèrent un peu partout les graines adhérentes de l’Acaena. »





 Article rédigé avec la participation de Baptiste Ginollin.

   

Conphoker – Le concours photos de Kerguelen

Un concours photo est lancé sur Kerguelen. Le thème de ce mois-ci était : « les éléphants de mer ».
Carine a remporté le prix « esthétique » avec « Tranquille la vie d’éléphant de mer » (la digestion après un bon repas).

Elle est ex-aequo au prix « expressif » avec son : « Pourquoi tu me regardes ? » 



















 et « à qui le tour ? » de Joris Laborie:
Photo: Joris Laborie
 Joris à commenté ainsi sa photo : « En cette période, pas de pitié, c’est la loi du plus fort. Quoi de mieux que d’exprimer sa force par la peur. Ce pacha titanesque fait jouer ses atouts pour faire fuir tout autre prétendant. Pointe Morne, Kerguelen, Septembre 2017 ».

Portrait d'hivernant: Manon, vétérinaire du programme popeleph

Qui es-tu, d’où viens-tu Manon ?
Je suis vétérinaire tout juste diplômée depuis le mois de juillet et parisienne. J’ai 26 ans.
J’ai toujours grandi avec toute sorte d’animaux et j’ai la vocation d’être vétérinaire depuis mon enfance. Je vis dans une maison peuplée de chats, chiens, lapins, poules, tourterelles, tortues, gerbilles, octodon et rats.

 Quel est ton parcours pour venir à Kerguelen ?
J’ai passée ma thèse juste avant de partir au mois de juillet sur le guépard asiatique, une sous espèce de guépard en danger critique d’extinction qu’on ne trouve plus qu’en Iran.
Auparavant et grâce ma scolarité à l’Ecole Nationale Vétérinaire d’Alfort (ENVA), j’ai déjà pu voir du pays : j’ai effectué un stage en Argentine dans une réserve avec des pumas, et au Vietnam l’année précédente dans un petit village de montagne pour travailler sur l’élevage familiale de cochons noirs.

Comment as-tu entendu parlé du programme ?
Cela m’est un peu tombé dessus car la directrice d’un des programmes auquel je suis affiliée est maitre de conférence en éthologie à l’ENVA. C’est elle qui a mis l’annonce dans la promotion sortante de l’école vétérinaire et j’ai postulé ! 







Quelles ont étés tes motivations ?
Faire quelque chose d’exceptionnel, voir du pays, travailler avec des animaux avec lesquels je n’aurai probablement pas trop l’occasion de retravailler. J’aime aussi l’expérience de terrain, travailler en extérieur.
Que fais-tu ici ?
Mon rôle principal est l’implantation sous cutanée d’enregistreur de rythme cardiaque en temps que vétérinaire. Autrement, je suis participe à toutes les autres tâches du programme popeleph : peser, mesurer, identifier et prélever des échantillons biologiques des éléphants de mer avec mes deux collègues.
Entre les séjours propres à mon programme, je vais en découvrir d’autres en donnant un coup de main pour les manipulations d’autres espèces.
Une anecdote de popeleph ?
Il y a un mâle que nous avons appelé Fleur parce qu’il avait une marque en forme de fleur et nous pensions qu’il était doux. En réalité, il était très agressif et portait très mal son nom et avait tendance à nous charger si on s’approchait trop de ses femelles !






Quel est le bilan de ton mois et demi passé à Rivière du Nord ?
Lorsqu’on est dans un cadre aussi paradisiaque, les considérations techniques de confort, comme prendre des douches dans une eau à 2° ou se frayer un chemin parmi les bonbons pour aller laver son linge, restent bien lointaines…

Comment c’était de vivre à 3 dans une cabane isolée pendant un mois et demi ?
J’ai eu la chance de tomber sur 2 personnes hyper faciles à vivre donc je n’ai pas du tout ressenti de sensation d’isolement ou besoin de m’isoler. Malgré l’exiguïté de la cabane, Rivière du Nord est bien assez grand pour trois.






Sais-tu ce que tu vas faire ensuite ?
Travailler en clinique pour mettre en pratique les connaissances apprises à l’école sinon cela se perd vite.









Penses-tu tirer profit de ton expérience à Kerguelen d’un point de vu professionnel ?
Oui car j’aimerai entrecouper mon travail en clinique par des expériences de terrain et cela peut servir d’avoir des expériences atypiques comme celles-ci.







As-tu un souvenir de Rivière du Nord à partager ?
Les relations rigolotes que l’on peut lier avec la faune locale : notre « bonbon de garde » Dick troisième du nom et Baltazar, chaton nouvellement sevré qui nous avait adopté en temps que voisin provisoire.







   

Philatélie du mois



Création de plis philatélique suite aux passages des bateaux de pêches français « L’ile de la Réunion » et « le Saint André ».

Météo du mois et paysages de Kerguelen



Les moyennes de toutes les températures ont été supérieures aux normales de 0,8 à 1,2°, les moyennes et minimales se plaçant même en 2ème position depuis 1950 derrière les records d’octobre 2016. Les précipitations sont aussi supérieures à la normale de 9,5% et se concentrent principalement sur la deuxième moitié du mois. Encore 6 jours de neige dont 10 cm tombés en fin de mois (le 28). Le vent est plutôt calme avec seulement 2 jours dépassant les 100 km/h.

Manchots papous - Rivière des glaciers
Levé de soleil sur la base de Port aux Français

Pointe Molloy

Pointe Molloy

Anse des papous


Albatros fuligineux

Baie des cascades

Skua


Tripode au col du Château



Soirée Halloween à Kerguelen

Manon, la vétérinaire du programme Popeleph, de retour sur la base après un mois et demi de manip en cabane a organisé la soirée costumée du 31 octobre en préparant un repas monstrueux et savoureux :
Entrée : yeux de cyclopes et phalanges de momie.
Plat : doigts de sorcières, cuisses de dodo garou et tiges de mandragore sur son lit de lichen.
Dessert : salade d’yeux de grenouilles et cerveau de martien !



lundi 23 octobre 2017

Formations à l'utilisation d'un moyen mobile d'extinction de type CO2 et eau diffusé


Photo: Franck William
Afin que chaque personnel soit capable d’éteindre un début d’incendie, des formations sont organisées par le pompier à l’utilisation d’extincteurs. 

Les exercices sont réalisés dans un container et une zone dédiée.
Photo: Franck William

   
Photo: Franck William

Photo: Franck William





samedi 21 octobre 2017

Soirée d'anniversaire d'Alice la pâtissière
















Pour son anniversaire, la pâtissière Alice a offert aux hivernants un ravissant gâteau de pièces montées aux parfums mélangés de fruits de la passion, de vanille... décoré d’un univers animalier de pâte d’amandes dans une forêt de chocolat. 













De quoi rappeler nos contes d’enfance et nous inspirer à nous déguiser nous aussi en animaux imaginaires…







   

vendredi 20 octobre 2017

Passage du Saint André



















Le COPEC (pour "Controleur des Pêches") est l’agent des TAAFs chargé de la surveillance des pêches et du respect des protocoles environnementaux en vigueur dans les ZEE australes. Il participe aux marées à bord du bateau. 

Avec son équivalent des zones de la CCAMLR ainsi que le capitaine et quelques marins, ils nous ont fait l’honneur de descendre à terre et de visiter Port aux français à l’occasion d’un soutage de gazoil et de visites médicales.
Pour nous remercier, nous avons reçu une belle légine fraîche préparée en carpaccio à la créole!



 



















   

L’éléphant de mer austral (Mirounga Leonina).

Les éléphants de mer font partie de la famille des Phocidae. Le nom vernaculaire leur est donné du fait du nez du mâle dominant, qui ressemble à une trompe. Une seconde espèce se trouve dans le Pacifique Nord.

Répartition
L’éléphant de mer vit dans les iles subantarctiques et en Antarctique. Sa plus forte population est estimée en Géorgie du Sud. Kerguelen abrite la seconde plus grande concentration au monde avec près de 250 000 individus.

Habitat
L’éléphant de mer vit principalement en mer. Il parcourt plusieurs milliers de kilomètres pour s’alimenter en plongeant continuellement.
Il plonge régulièrement jusqu’à 500 mètres de profondeur pendant une vingtaine de minutes à la recherche de proies avant de remonter respirer en surface (moins de 3mn pour renouveler leur réserve en oxygène). Il peut exceptionnellement dépasser 2000 mètres pour des plongées de 45mn à 1h. Lorsqu’il plonge l’éléphant de mer vit sur ses réserves en oxygène. Celui-ci n’est pas stocké dans les poumons, vidés avant la plongée, mais dans l’hémoglobine du sang et la myoglobine des muscles. Par ailleurs, l’éléphant de mer ralentit son rythme cardiaque de 100 à 10 pulsations par minutes.
En mer, l’éléphant se repose lors de plongée où il se laisse dériver passivement dans la colonne d’eau en apnée.

Les éléphants de mer ne viennent à terre que pendant deux périodes de l’année : pour la reproduction au mois de Septembre/octobre et pour muer (renouvellement de leur pelage) pendant l’été austral. Pour la reproduction, ils choisissent de préférence des plages de sables et pour la mue ils préfèrent des zones de végétation et de souilles (mares de boue).

Descriptif
Les mâles peuvent mesurer de 4 à 5 mètres pour un poids de 2000 à 3000 kg. Les femelles n’excèdent pas 2,7 mètres pour un poids de 500 kg. Le dimorphisme sexuel est très marqué avec des mâles 3 à 4 fois plus grands et lourds que les femelles.
Ils possèdent un pelage de poils gris à bruns. Le pelage des nouveaux nés est noir (lugano), rapidement remplacé par un pelage gris (première mue). Les mues des adultes ont lieu une fois par an (Janvier-Février) et consistent en un renouvellement complet du pelage et de la couche superficielle de l’épiderme.
Les yeux sont ronds et noirs et leur permettent de détecter de très faibles intensités lumineuses (adaptation à la vie en grande profondeur).
En période de reproduction, les narines des males se gonflent et forment une trompe qui joue un rôle d’amplificateur acoustique.
L’éléphant de mer dispose d’une épaisse couche de graisse sous la peau, ce qui lui permet de survire à de longues périodes de jeûne à terre et l’isole du froid en mer.
 
Déplacement
A terre, l’éléphant de mer peut atteindre une vitesse de 8km/h. Il se déplace par reptation. Les nageoires caudales forment un éventail et ne sont utilisées que pour la nage.
Les nageoires pectorales au bout desquelles se trouvent 5 ongles jouent un rôle d’aileron au cours de la plongée, elle servent aux prises d’appui pour se déplacer à terre et sont utiles pour se gratter.

Comportement
Des comportements d’intimidation, parfois violents, opposent les mâles dominants pour gagner et conserver leur rôle de pacha du harem contre les mâles périphériques lors des périodes de reproduction. Le mâle peut saillir plusieurs dizaines de femelles dans son harem composé de 10 à 100 femelles qu’il défend. Dans ces moments là, les mâles peuvent véritablement écraser des femelles et surtout des jeunes sur leur passage. On estime cette mortalité de 2 à 8% selon la densité.
Toutes les femelles seront fécondées et retourneront à la mer avant la mi-novembre.

















Reproduction
Les femelles sont fécondes et s’accouplent environ 15/20 jours après la mise bas (Septembre – mi Novembre). Toutefois, l’implantation de l’œuf est différée de 3 mois. La gestation dure environ 8 mois.
Le petit mesure 1 mètre pour une quarantaine de kilos à la naissance. Il est nourri au lait maternel durant 3 semaines. A l’issu, il aura au moins triplé de volume pour atteindre un poids moyen de 115kg (60-180kg). A contrario, la mère jeûne pendant cette période. Les petits sevrés se regroupent à l’arrière des harems à proximité des cours d’eau. 
Les mâles sont matures à l’âge de 9 ou 10 ans, les femelles de 3 ou 4 ans.
L’espérance de vie des éléphants est de 14 ans pour les mâles, 18 pour les femelles.
Alimentation
L‘éléphant de mer se nourrit principalement de poissons et céphalopodes avec des différences entre mâles et femelles : les premiers privilégiant des proies benthiques (au fonds des océans) qu’ils pêchent sur le plateau de Kerguelen et le plateau antarctique tels que de la légine, les secondes s’alimentant essentiellement de proies méso pélagiques (dans la colonne d’eau) composée principalement de poissons lanternes et de petits calamars au large.

Prédateur
Orques et requins dormeur sur le plateau de Kerguelen.

Exploitation
L’exploitation de graisse de phoques à commencé à Kerguelen dès 1790, essentiellement au début par des navires anglo-saxons et à cessé dans les années 1950.

Anecdotes
A terre, le principal problème auquel sont confrontés ces animaux en période de reproduction est l’hyperthermie du fait de leur importante masse graisseuse ; aussi ils essaient de se rafraichir en projetant sur leur corps du sable humide.
Après la naissance, les skuas et les pétrels géants se font un festin du placenta : la place est propre !
 
Programme scientifique autour des éléphants de mer à Kerguelen :
à Voir le programme popéleph sur ce blog.

Article co-écrit avec Chrstophe Guinet.