jeudi 31 août 2017

Philatélie du mois



Création du pli philatélique du premier passage du Marion Dufresne à Kerguelen avec le nouvel armateur Louis Dreyfus.


   

Fête des troupes de marine

Aujourd’hui, c’était la fête des troupes de marine de l’armée de terre. La terre de France s’est invité au déjeuner en faisant « poussière » avec tous les membres présents autour d’un gâteau au chocolat à l’ancre de sucre glace préparé par la boulangère pâtissière Alice.
Cette fête commémore la bataille de Bazeilles qui a eu lieu en 1870. Ce repas a été l’occasion d’un partage fraternel entre les différentes communautés présentes sur le district.



   

Météo du mois et paysages de Kerguelen


Le cumul de pluie est proche de la normale, mais en réalité le mois a été assez sec, puisque plus de ¾ des pluies sont tombées le 7 août. L’ensoleillement s’en est ressenti, excédentaire sur les 3 décades. Les températures ont été très douces, les moyennes dépassant de 2 à 2,4° les normales. Le nombre de jours avec gelée a également été très inférieur à la normale, et regroupé quasi-exclusivement sur la 1ère décade. Le vent a soufflé 4 fois à plus de 100 km/h atteignant 130 km/ le 28.

   

samedi 26 août 2017

Biosécurité des légumes et des fruits frais




Seul le Marion Dufresne, dont les achats sont réalisés par les TAAF, est autorisé à débarquer des fruits et des légumes frais afin de limiter et de contrôler les risques d’introduction d’espèces exogènes. 

Comme à chaque arrivée de nouvelle cargaison, les opérations de prélèvement d’insectes ont commencé. Bien que les fournisseurs soient sélectionnés sur le volet afin d’éviter toute nouvelle introduction dans la Réserve Naturelle, il y en a toujours qui résistent : limaces, araignées, moucherons et autres petits invertébrés. 


Les équipes font le point selon un protocole établi dont le but  est de faire un état et un suivi de population. Par la suite, certains fruits et légumes pourront être retirés de l’approvisionnement des îles australes s’ils sont jugés trop risqués. C’est par exemple le cas des litchis et des salades vertes qui ne sont pas admis ici.




   

vendredi 25 août 2017

Le Slam de Sébastien

Sébastien, le chef cuisine a composé un slam pour les anciens et nouveaux hivernants qu’il chantonne avec Camille, agent de la Réserve Naturelle à la guitare :

« Des humains à égalité
Il suffisait juste d’y penser
Moi je n’oublierai jamais l’année où j’l’ai chopé la liberté
Le virus est dans ces lieux où l’on pense que la vie est mieux
Dans cette atmosphère un peu louche où on se touche, où on se mouche
Des inconnus qui dans cet univers sont unis les uns envers les autres
Des rencontres qui voudraient qu’hier déteigne sur demain
Dans cet endroit où les saisons
D’automne, l’hiver, le printemps et même l’été
Tu peux les voir en une journée
Y’a pas de couples qui s’embrassent
Ni de terrasses où on s’prélasse
Mais pleins d’rêves où tout s’entasse
Et souvent des situations cocasses
La réalité ici est vite oubliée
C’est p’t’être ça qu’veut dire être isolé
On s’plein souvent sans qu’ça en vaille la peine
Mais on oublie facilement que l’travaille est une aubaine
On voit notre personne, notre situation
Ici c’est l’endroit pour ouvrir notre horizon
La joie est en tout, il faut savoir l’extraire
Cette terre est comme une vache plein d’lait qui t’attend pour la traire
Une image vaut mille mots
Alors regarde autour de toi, y’a tout le dico dans un piano
Ce n’est pas un malheur d’être méconnu des autres
C’est un malheur de les méconnaitre
Reste pas dans ton coin en attendant venir demain
C’est vrai qu’c’est pas facile de savoir l’état d’chacun
Mais à rester dans le noir on trouvera jamais son chemin
Et tous ceux qui sont ici, sont tous dans l’même pétrin
Avec un peu d’bonne volonté on peut s’amuser à partager
On est là pour progresser, s’entraider, s’accepter
Un carrefour de cultures
Un kermouth d’horizons
Y’a juste à faire ses courses, se servir à foison
Alors pour terminer, mettre fin à ce résumé
Ici on est tous des humains à égalité
Il suffit juste de s’en rappeler. »

   

jeudi 24 août 2017

La Mission 68

La clef de Kerguelen avec ses trois lettres "KER" en fer forgé a été remise au nouveau chef du district, le "DISKER" lors d'une cérémonie présidée par Madame Anne Tagand, Secrétaire Générale des Terres Australes et Antarctiques Françaises.



L’opération portuaire s’est terminée, emportant  avec elle ceux qui viennent de vivre un an sur ce bout de terre. 











Et le Marion Dufresne est reparti. Nous restons à 51, mélange d’« anciens » et de « nouveaux » hivernants.











L’aventure II, le chaland à fond plat dont l’aussière a lâché l’année dernière flotte à nouveau le long du quai.
Vue du ciel, le sud de l’archipel de Kerguelen est une terre de cailloux, jaune, ocre, noire, et une terre d’eau : passes entre les îlots, rivières, souilles, lacs et océans
Kerguelen est une île volcanique formée par des empilements basaltiques. 
A l’Ouest, la côte est surmontée de sombres falaises pouvant atteindre 800 mètres de haut. 
Au Sud, la côte et ramifiée en dentelles de fjords.
Au centre Ouest, la calotte Cook coiffe l’île de ses glaces sur 400 km2
L’ensemble est montagneux mis à part la péninsule Courbet à l’Est, grand plat de 50 km de large.

L’eau y est tellement présente qu’aucun point de l’île ne se trouve à plus de 20 kilomètres du rivage. 
Pourtant l’archipel a une superficie de 7 215 km², grande comme trois quart de la Corse. 
L’île principale s’étend sur 120 kilomètres du Nord au Sud (170 km du groupe des Nuageuses à l’ile Boynes) et 150km d’Est en Ouest.
Cette terre située au sud de l’Océan indien est à peu près équidistante de l’Australie et de l’Afrique du Sud, à près de 5000 km de ce deux pays. La Réunion est à 3400 km au Nord et le continent le plus proche, l’Antarctique, à 2000 km au Sud.

 Nous nous situons entre les parallèles 48°35 et 49°54 Sud  et 68°43 et 70°35 Est.









dimanche 20 août 2017

Arrivée à Kerguelen




La 68ème mission des Terres Australes et Antarctiques Françaises de Kerguelen débarque le 20 août 2017 dans l’Archipel.

 
Depuis le pont du Marion Dufresne, nous avons d’abord vu une montagne à deux pics enneigés aux couleurs de levé de soleil, le Mont Ross, cratère égueulé d’un volcan éteint autrefois nommé par les baleiniers « Forked Mount », le « Mont fourchette », à cause de sa double pointe. C’est le plus haut sommet de l’île avec ses 1850m.




Puis nous avons vu le reste de l’île avec ses échancrures, et Port aux Français, notre port.

Nous avons débarqué sur la plus australe des îles françaises en hélicoptère. 
1 minute de vol pour une année sur terre, sur ce navire immobile. Comme un oiseau qui se pose là, sur une branche de bois flotté.

Ce coin de terre fut découvert le 12 février 1772 par le capitaine Yves Joseph de Kerguelen de Trémarec, parti de l’ile de France le 16 janvier 1772 à bord de « La Fortune » et accompagné du navire « Le Gros Ventre » dirigé par Saint-Allouarn.

Le 13 février, unee chaloupe de chaque bateau est mis à l’eau. Alors qu’ils prennent possession dans la baie du Gros Ventre, La Fortune repart sans attendre. Les deux chaloupes remontent à bord du Gros ventre. La Fortune arrivera à l’île de France en mars 1772, tandis que le Gros ventre n’accostera qu’un an plus tard ! Rosily qui dirigeait un des canots, notera à son retour : « cette terre ne mérite pas qu’on y retourne ».

Quand à Kerguelen, il écrira dans son rapport au ministre de mars 1772 :
« Si l’on considère la latitude des terres reconnues, on ne peut s’empêcher de leur attribuer la plus douce et la plus heureuse température, ainsi que la plus grande fertilité. Tout ce que les yeux ont su reconnaître est entrecoupé de bois et de verdure, ce qui semble annoncer un pays peuplé et cultivé avec réflexion. » (…) « on y trouvera peut-être même des hommes nouveaux. Enfin, si l’on n’y trouve pas des hommes d’une espèce différente, on trouvera du moins des hommes naturels, vivants comme dans l’état primitif, sans défiance et sans remords, et ignorant les artifices des hommes civilisés. Enfin, la France australe fournira de merveilleux spectacles physiques et moraux ».

La publication de ce rapport éloquent provoque l’organisation d’une expédition scientifique. Kerguelen repart donc à bord du Roland avec l’Oiseau et la Dauphine en mars 1773, à peine quelques jours avant le retour du Gros Ventre. Il arrive dans l’archipel le 14 Décembre, mais  repart presque aussitôt : le 9 janvier 1774. On ne connait pas précisément les raisons de ce départ précipité, si ce n’est que des troubles avaient du faire rage, puisque le capitaine avait secrètement emmené à son bord une jeune femme dite « Louison ». Le bateau sera de retour à Brest le 6 septembre.
Entre temps, le Gros ventre et les scientifiques ont parlé et Kerguelen se voit condamné le 15 mai 1775 à 6 ans de forteresse, une radiation de la marine et l’interdiction de publication. Pourtant, il fit d’autres expéditions et fut promut amiral. Il meurt en 1797 sans être retourné en « France australe ».

Deux ans après le dernier voyage de Kerguelen, Cook redécouvre cette île en entrant dans le golfe nommé par Kerguelen « Baie de l’oiseau » le 25 décembre 1776. Il la renomme « Christmas-Harbour ». Les deux noms  ont été conservés aujourd’hui : « Baie de l’oiseau » pour l’entrée de la baie, et « Port Christmas » pour l’extrémité.
Cook meurt 3 ans plus tard, le 14 février 1779, lui aussi massacré par des indigènes des îles Hawaï. Tout comme pour Crozet, c’est à Cook que l’on doit l’hommage au découvreur du nom de l’archipel. Il écrivit dans son journal :
« Une île assez petite que, à cause de sa stérilité, j’appellerais avec justesse l’Ile de la Désolation, si je ne voulais pas enlever à M. de Kerguelen l’honneur de lui donner son nom. »

Île de la Désolation ou Île de Kerguelen ? Voici quelques extraits de visions de l’archipel tirées du livre « Les îles australes françaises » de Gracié Delépine :

Expédition Challenger, 6 Janvier 1874 en Baie de l’Oiseau :
« L’aspect de tout l’ensemble est grandiose et le contraste marqué entre la noirceur des roches et le vert-jaune brillant de la végétation qui recouvrent tous les niveaux inférieurs si caractéristiques de ces îles « antarctiques » donne par beau temps un aspect général très beau ».

E. Aubert de la Rüe, le 12 Novembre 1928 à bord du navire l’Austral à Port-Couvreux (station d’élevage de moutons) :
« A 17h, l’Austral est enfin mouillé et termine son long voyage car voici soixante-sept jours exactement que nous avons quitté le Havre. Un peu avant la nuit, le ciel se découvre enfin et j’ai devant les yeux l’un des plus beaux panoramas qui se puisse voir : toutes les hauteurs qui environnent Port-Couvreux, complètement recouvertes de neige du sommet jusqu’à la mer, apparaissent entièrement au moment où le soleil se couche, et ce spectacle fait oublier les jours terribles que nous venons de passer depuis Saint-Paul ».


En 2017, ce sont les 41 personnels de la 67 sortant de leur hivernage, comme d’un grand terrier, qui nous accueillent avec entrain à la « drop zone » en nous offrant une crêpe chaude dans un camion improvisé.
Port aux français est un village bardé de métal coloré, au bord de l’eau, sur un sol de cailloux gris.
Des lapins sautent au bord des mares, « les souilles », grandes flaques d’eau et de boue dispersées ici ou là.
En contrebas, le port. Une dalle de béton, un container un peu plus grand que d’autres qui invite au café. Il y a là un esprit de marins, une envie de manger sur les quais, un dimanche en buvant un verre de vin blanc.

La vue sur le golfe est large, les îles sont assez lointaines, le golfe du Morbihan à un goût de Bretagne.
Une cinquantaine d’îles et d’îlots remplissent l’Ouest de cette baie de 700 kilomètres carrés.

C’est la première mission, en 1949, transportée par l’aviso Lapérouse qui eut à choisir l’emplacement et le nom de la base. En juillet 1786, Lapérouse avait donné le nom de « Port-aux-français » à un fjord en Alaska. C’est ce nom qui fut repris pour la base située entre l’Anse de l’Echouage et l’Anse des Pachas, tout à l’Est du golfe, dans la baie de l’Aurore Australe. Le choix du site est lié au souhait d’alors d’y établir une piste d’atterrissage qui ne verra finalement jamais le jour


   

samedi 19 août 2017

Un touriste bien particulier


A bord du Marion, il y a des touristes forts sympathiques venus accompagner notre rotation, nous déposer sur nos îles, les découvrir ensemble et continuer leur route.

En les interrogeant sur leur motivation à choisir cet extraordinaire voyage, l'un d'eux, Renaud Delcourt, m'apprend qu'il a traduit l'un des livres les plus fameux de l'histoire de Kerguelen, celui de Raymond Rallier du Baty « Voyages aux Kerguelen ». Voici ce qu'il m'en dit :

« Au début des années 90, un ami, Jérôme Poncet, un des deux jeunes du « Damien », a découvert en nouvelle Zélande un livre toilé petit format de 1910 aux éditions de Londres. Il lit ce livre et est absolument transporté. Il ne comprend pas pourquoi cet auteur anglais qui évoque un territoire français n'est pas traduit.
Jérôme rapporte ce livre aux Falklands et en parle à un de ses amis, Benoit, directeur de collection « Editions maritime et d'outre mer de Ouest France ». Jérôme lui dit : « Ecoute Benoit, si tu veux faire un truc bien dans ta vie, tu publie ce truc » Ils avaient ce petit bouquin, exemplaire unique.
Ils m'appellent pour me demander si je veux bien le traduire, moi qui suis spécialiste de traductions techniques, notamment sur l'aéronautique. J'accepte. Je me suis dit : « comme ça, j'apprendrai à bien taper à la machine » : c'était le début des micro-ordinateurs. La traduction de ce livre m'a pris 4 mois. Comme mes amis, j'ai trouvé ce livre génial.
Il a été traduit chez Ouest France dans une jolie collection en 4 ou 5000 tirages. En 2012, ils l'ont réédité en livre de poche et en ont vendu 10,000.
Mon passage préféré est «la maison des allemands » : Du Baty visite cette espèce de cabane qui est un peu abimée, il sent une présence, se retourne et découvre un chien derrière la fenêtre alors qu'il se croit tout seul sur cette ile ! C'était en fait un des 50 chiens laissés par une expédition antérieure en antarctique ».

Raymond Rallier du Baty, navigateur français, est né en 1881. En 1903, après des études d'hydrographie, il part comme matelot pour une expédition au pôle Sud avec Jean-Baptiste Charcot. Dès 1908, à bord du navire baptisé « J.B. Charcot » en l'honneur de son ancien capitaine, il mouille à Port Christmas, au Nord de Kerguelen et dessine des cartes de la zone. Il y retourne en 1913 à bord de La Curieuse, initialement pour plusieurs années, mais il est alors mobilisé. Après la guerre il sera capitaine du navire « la Tanche » qui mena des expéditions techniques dans d'autres contrées. Il meurt en 1978.

C'est en baie de l'oiseau que se trouve l'Arche des Kerguelen, un rocher percé de plus de 100 mètres de haut, dont l'arche s'est effondrée vers 1910 entre les deux passages de Rallier du Baty (1908 et 1913).

Et en guise de prémisses à l'arrivée dans l'archipel, voici un extrait de la vision de Rallier du Baty en octobre 1908 longeant la baie du Morbihan :
« Plus de mille fois, j'ai vu cette côte. Dans un grain de neige ou à travers le crachin, elle avait vraiment l'air diabolique dans sa sinistre laideur, terre de désolation sauvage et dénudée qu'anges et mortels devaient fuir. Par une belle journée, avec le soleil étincelant sur les rochers, tout est différent. La beauté particulière de Kerguelen s'insinue dans les cœurs et vous prend sous son charme, avant de hanter les mémoires des marins qui s'y sont aventurés. »



   

jeudi 17 août 2017

Escale à Crozet


Escale à Crozet, ce site éblouissant, perché d'un village sur une falaise.

C'est un peu le débarquement pour ces jeunes VSC (Volontaires du Service Civile) et militaires qui viennent de passer 8 mois à 20 personnes. Ils sont ravis de la fraicheur que nous leur apportons et en même temps surpris du changement.

L'un d'eux s'exclame, dans le sas à l'entrée du bâtiment collectif :
« Wahoo tellement de chaussures ! Je ne sais plus où sont les miennes ».










A Crozet, une importante colonie de manchots royaux vit non loin de la base.


A terre, les manchots sont myopes. Ils se déplacent en dandinant sur leurs deux pattes arrière et s'appellent en chantant. En mer, ils sont capables de voir sous l'eau grâce à leur pupille carrée et nagent avec aisance.


Chaque année ils muent et se parent de leur plus bel atout : un pigment jaune vif de chaque côté de la tempe et au bord de leur bec noir luisant, qui en signalant leur vitalité attire la femelle.

















L'œuf pondu est couvé à tour de rôle entre le mâle et la femelle, l'un protégeant sa progéniture pendant que l'autre chasse quelques poissons lanternes par 200 mètres de fonds pendant une dizaine de minutes. Les juvéniles sont marrons, ébouriffés et dodus.



Une fois grandis, ils attendront leurs parents 2 mois en jeûnant, se faisant parfois attraper par des pétrels géants. 

Nous sommes à peu près à ce cette époque du cycle reproducteur et la colonie est pleine de ces juvéniles en croissance.





Dominant la base, le mont Branca. 


C'est une colline pelée recouverte de scories volcaniques tranchantes sur lesquelles poussent des mousses et des Azorelles. 

Parfois, les mousses les recouvrent entièrement : les pierres sont alors vertes et égaient ce paysage jaune et rouge qui se jette dans le bleu de l'océan.

C'est le 24 janvier 1772 que l'officier Julien-Marie Crozet débarqua dans la Baie du Navire pour prendre possession de l'ile. Agé de 45 ans, il avait quitté l'ile de France le 10 octobre 1771 à bord du Mascarin, comme second de l'explorateur Marc-Joseph Marion Dufresne. 
Dès le lendemain de la possession, le Mascarin repartit en direction de la Nouvelle Zélande. Là bas un groupe descendu à terre, comprenant Marion Dufresne, est enlevé, massacré puis mangé par les Maoris. Crozet en réchappe et prend la tête de l'expédition. Il arrivera à l'Ile de France le 7 mai 1773.

Cook et Crozet se croiseront au Cap en mars 1775. Certainement grâce à cette entrevue heureuse, Cook renommera ces nouvelles îles découvertes : « Iles de Crozet ».


Et c'est le 18 août 2017 que le Marion Dufresne qui dessert maintenant 4 à 5 fois par ans les îles australes, reprend sa route, dandinant tel un manchot vers la passe Royale de l'Archipel de Kerguelen.

 
   

mardi 15 août 2017

Aux abords de Crozet


La brume recouvre la mer. Le bateau est devenu pirate. Navire solitaire dans ce monde ouaté, naviguant à travers les nuages.


Et pourtant, demain, nous croiserons un tas de cailloux découvert il y a 300 ans sur lequel vit une poignée d’hommes, laissés là depuis 6 mois pour un hiver austral. Improbable morceau de terre dans les 40ème rugissants.


Il semble que le climat à Crozet soit extrêmement humide et brumeux. 

Depuis la base, il y a une vue permanente mais pas toujours dégagée sur l’Ile de l’Est où l’homme ne pose presque jamais le pied, écrin de pureté à préserver.







Aujourd’hui a eu lieu sur le Marion la célèbre séance de tamponnage du courrier. Le capitaine, le personnel des TAAF et les touristes s’installent à la table et font circuler les missives.

Tampon « Première du Nouvel Armateur, Louis Dreyfus, du Marion Dufresne », tampon « médecin du bord » avec une jolie sirène, une croix sur le couvre chef, tampon « guide touristique », tampon du futur « chef de District de Crozet ». Enveloppe tamponnée. Suivante.

lundi 14 août 2017

40ème parallèle



Nous venons tout juste de passer le 40ème parallèle. 
Nous voguons en tanguant légèrement vers la limite du 50ème.  Nous sommes seuls. Depuis deux jours que nous naviguons nous n’avons croisé que cette douce houle, l’écume sur la coque, les premiers albatros et les pétrels curieux ce matin. Ils reposent sur le vent des vagues à l’avant du bateau. Le moteur ronronne en chef d’orchestre de village qui annonce la marche : pour musique le bateau craque, vibre, cogne.


Chacun fait une halte au local biosécurité pour nettoyer ses affaires : chaussures, sacs, vêtements pour en ôter les petites graines involontairement cachées dans les semelles ou volontairement déposées et oubliées au fonds des poches….


Nous sommes à 800 milles de la Réunion et à presqu’autant de Crozet, sur un haut fond de 100 mètres et nous voguons quasiment plein sud, au 186°. En passerelle, les radars ne détectent que de l’écume. La carte papier est marquée d’une croix au crayon toutes les deux heures par le matelot de quart.





Dehors, il semble que ce sont les étoiles qui font le balancier, plutôt que notre bateau. Il est beau ce navire avec ses étoiles rouges, chacune de nos îles des TAAF, peintes sur la cheminée.


 Une de ces étoiles se décrochera bientôt et nous irons vivre dessus, en plein océan austral.
   


vendredi 11 août 2017

La 68ème à bord du Marion Dufresne

11 août – départ de Saint-Denis de la Réunion

Le vendredi 11 août 2017 en fin d’après-midi, le Marion Dufresne quitte son port de la Réunion. Il quitte une île pour trois autres.

A son bord, l’équipage du nouvel armateur, 
Louis Dreyfus Armateur, une partie de l’équipe du siège des Terres Australes et Antarctiques française, une poignée de touristes et les nouveaux hivernants « bien habillés et bien peignés » comme diront les anciens lorsque nous débarquerons à terre.

Discro, Disker et Disams 2017/2018
Mais pour l’heure, ce petit monde parti habiter plusieurs mois, une année pour la plupart, sur une île australe du bout du monde rompt avec son monde, son quotidien, sa famille pour vivre une aventure hors du commun. 
Tous viennent travailler. La plupart sont animés de la découverte d’une nature rare et préservée. Ils viennent aussi vivre la richesse humaine qu’offre une année dans une communauté isolée.















L’aussière est larguée, nous partons dans les Australes avec cette nouvelle famille qu’il nous reste à découvrir : nous avons une année pour que les liens se tissent.


Les premiers jours, la houle nous amarine. Le bateau va, le vent l’emporte.



Le Marion ne fait pas défaut à l’imaginaire qu’il provoque lorsque nous évoquons son nom, loin des australes. Un bateau solide, un bateau confortable pour y vivre le temps d’une rotation, un bateau pratique pour y mener des recherches, avec ses bureaux, ses laboratoires et sa salle de conférence.






Tout à l’avant du navire a été monté par grue l’Aventure II, le chaland que nous ramenons à Kerguelen. Celui-ci avait connu une avarie il y a un an, dans le golfe du Morbihan, homonyme subantarctique et venté du golfe breton du même nom. L’aussière qui l’attachait à un corps mort avait rompu et le chaland s’était retrouvé échoué dans la baie qui porte tristement bien son nom, la baie de l’échouage.


A l’arrière du navire, l’hélicoptère attend son tour. C’est un écureuil qui part avec nous pour le transport des passagers et d’une partie du matériel entre le bateau et la terre. Le petit nom que lui donne Pascal, le mécanicien, est « casse-noisette ». Cela fait plus de 20 ans que Pascal le mécanicien et Pascal le pilote réalisent les missions australes pour les TAAF. Ils connaissent certainement le mieux tous les recoins de ces îles, en tout cas, vu du haut.




Le service de restauration à bord est réalisé deux fois pour chacun des repas, afin de satisfaire les 130 passagers et membres d’équipage qui tiennent pour moitié dans le mess. A la cuisine, l’équipe travaille en permanence.